Histoire des Antillais à Créteil

Créteil, l’une des communes les plus antillaise de France…

Commune de la région parisienne et du département du Val-de-Marne, Créteil apparait aujourd’hui comme une des communes les plus antillaises de France (Le Parisien). Aujourd’hui, les originaires des Outre-mer représentent près de 8 % dans les 90 000 habitants de la ville. Parmi eux, les plus nombreux sont les Guadeloupéens et les Martiniquais.

Une migration régie par l’administration

La fin de la guerre d’Algérie et l’accession à l’indépendance de nombreux pays d’Afrique amène un manque important de mains d’œuvre en France dites «de bons marchés ». De nombreux emplois dans la fonction publique sont disponibles. Cependant, les candidatures pour obtenir ces emplois doivent être françaises. Ainsi, le gouvernement décide de se tourner vers les départements d’outre-mer. La particularité de la migration antillaise par rapport à d’autres est qu’elle est organisée. En effet, le déplacement de milliers de Guadeloupéens, Martiniquais et de Réunionnais est voulu par la France. Il s’est fait en plusieurs étapes. Tout d’abord, une migration d’hommes qui amènera par la suite à une migration de femmes. L’objectif étant ainsi de réduire la croissance démographique dans les DOM (notamment en envoyant les femmes et donc en permettant moins de naissances) et de réduire le chômage.

Dans les années 1950, les administrations publiques comme les PTT, les Douanes, les services de police, ont mis en place une campagne de recrutements aux Antilles. La plupart seront affectés en métropole pour une période de stage obligatoire. A cela s’ajoute, l’introduction du service militaire obligatoire dans les DOM en 1960. En 1962, le Premier Ministre Michel Debré instaure le Bumidom (bureau pour le développement des migrations destiné aux départements d’outre-mer). Cet organisme est chargé d’organiser la migration et le placement des migrants que ce soit dans une formation ou pour un emploi. Les conditions étaient que les migrants disposaient d’un billet aller simple, et ensuite l’organisme était chargé du regroupement familial.

Des DOM à la banlieue parisienne

Ces années-là et jusque dans les années 1980, une forte migration antillaise vers la métropole prend place et est encouragée par les pouvoirs publics. De nombreux Antillais s’installent au nord de Paris, notamment à Sarcelles et Saint-Denis. Ce n’est que quelques années plus tard que Créteil devient une ville d’accueil en raison du développement de la commune et de l’ouverture de l’hôpital Henri Mondor en 1969. Les femmes, qui sont alors bien moins nombreuses, seront embauchées comme domestiques suite à un recrutement fait par annonce aux Antilles. A Créteil, les hôpitaux publics recrutent les femmes directement aux Antilles pour travailler comme agents hospitaliers. Aujourd’hui, près de 10 % du personnel de l’hôpital Henri Mondor viendrait des Antilles ou de la Guyane.

Les travailleurs s’installent peu à peu amenant proches et familles. La communauté antillaise a rapidement trouvé sa place dans la vie politique locale. De nombreuses associations antillaises émergent en région parisienne. De nombreux responsables associatifs, dont Georges Aurore, arrivé à Créteil en 1972 en provenance de sa Martinique natale, maire adjoint de Créteil s’investissent dans la vie politique locale. Aujourd’hui, trois originaires des Antilles sont membres du conseil municipal. En 1981, la commune du Créteil se jumèle avec les Abymes, en Guadeloupe. Les relations sont très étroites entre les deux villes, les représentants se rendant régulièrement visite.

Promouvoir la culture créole

Parmi les associations encore existantes, on retient Eritaj qui est une association antillaise créée en 1996 à Créteil. Née de la volonté des Antillais de Créteil, elle partage sa culture à toute personne s’y intéressant. Son représentant Tony Mango fait de cette association une référence pour la communauté antillaise et pour toutes les autres. Elle dispense des cours de créole et propose diverses actions autour de la citoyenneté.

De plus, elle propose des cours de Gwoka qui est un genre musical originaire de la Guadeloupe et qui se joue avec des tambours appelés « ka », une maraca « chacha » et le « tibwa ». Cette association est un véritable espace de transmission et participe notamment à divers évènements culturels comme les Journées internationales des créoles en octobre ou Chanténwel en décembre.